C’était la seule sortie route estampillée « club » de la saison, avec des distances classiques de marathon et de semi-marathon. Mais les profils et les conditions étaient atypiques : un marathon valllonné avec 380 m de denivelé positif, finissant avec 13 km de plat le long du Canal du Midi, un semi-marathon tout autant en petites bosses (230 m D+) et terminant également par la visite du Canal du midi, joyau du patrimoine mondial classé par l’UNESCO, tout comme l’est la Cité médiévale de Carcassonne. Une Pentecôte en pays Cathare sous les signes du sport, de la culture et de la détente, avec pour certains une prolongation du séjour jusqu’au lundi.
Nous sommes partis le samedi matin à 20 personnes : 6 candidats au marathon (dont l’illustre néophyte dans la discipline Bernard Chabrillat), 10 clients pour le semi, et 4 accompagnateurs, sous la pluie mais avec une météo évoluant doucement vers le beau temps. De quoi faire au sec le traditionnel pique-nique version auberge espagnole, cette fois sur l’aire de repos juste avant le viaduc de Millau. Et arriver tranquillement en milieu d’après-midi au stade Domec de Carcassonne, pour récupérer nos dossards. Ce complexe sportif, dans la ville basse, sera le lieu de l’arrivée des épreuves le lendemain.
Ensuite direction la Ville Haute pour installer notre quartier général, à l’auberge de Jeunesse de la Cité, donc à l’intérieur des remparts. Sans précipitation, nous avons pu arpenter les ruelles de la cité historique et faire connaissance des apéritifs locaux avant le diner à l’auberge. Enfin, ayant des fourmis dans les jambes malgré la perspective du programme du lendemain matin, une virée nocturne dans la ville basse, parce que, entre autres raisons, « c’est beau une ville la nuit » (Richard Bohringer).
Dès avant 8h00 le dimanche, tout le monde en place pour les départs, donnés devant la Porte Narbonnaise, entrée principale de la Cité … donc à 150 m à peine de notre hébergement, le pied ! Le marathon part à 8h30, les relais marathon à 8h45, le semi-marathon à 9h00. Avec des meneurs d’allure pour les 2 distances, c’est le grand luxe, pour un événement relativement modeste si on le compare à celui d’une grande ville : à peine 200 marathoniens en individuels, et 600 concurrents pour le semi. Mais être en effectif raisonnable offre aussi des avantages : pas de bousculades et mise en route fluide au départ. Les coureurs locaux étaient spontanément sympathiques vis-à-vis de notre groupe et avaient la tchatche facile.
Les 6 marathoniens sont finisseurs, sans podium ni temps canon (relief et vents contraires obligent), mais avec des classements intéressants, notamment pour Bernard qui laisse encore 24 concurrents derrière lui. Même s’il n’est pas complètement satisfait de son chrono, son pari gagné d’un premier marathon (et pas le plus facile) à 58 ans est à saluer bien bas. Voir son récit en fin d’article. A noter que le second du marathon est une femme, d’un très bon niveau puisque terminant en mois de 3 h, et une demi-heure avant ses suivantes !
Les 10 semi-marathoniens sont également tous finisseurs, avec des temps honorables compte tenu des conditions peu propices à la performance chronométrique.
Les impressions de Thierry Sayd (marathon)
« La veille de la course, une bonne ambiance dans le groupe, avec un repas du soir « animé » par un groupe de petiots rugbymen de Toulon. Avant le départ, l’angoisse monte mais un peu de sourire grâce à l’initiative de Fred Bergougnoux avec son atelier maquillage aux couleurs de l’ASM.
Départ difficile avec l’enchainement de petites côtes face au vent. Au 5° km je choisis de ralentir pour suivre le meneur d’allure avec le fanion « 3h45 » et bien m’en a pris. Dans ce groupe de 10 coureurs, les 20 premiers km sont passés rapidement, avec un rythme du meneur bien adapté au profil.
Au 25ème km la côte de Bouilhonnac fait des dégâts, nous ne sommes plus que 4 avec lui dans la descente. Le reste de la course se poursuit le long du Canal du Midi : Là je ne parle plus. C’est plat, mais le contexte (chemin de terre, vent de face et lassitude) m’oblige à ne pas lâcher mes compagnons, sous peine de naufrage. Enfin l’arrivée, avec la satisfaction d’avoir tenu, et un grand merci à Richard notre meneur d’allure qui était au top. »
Les impressions d’André Fayolle (semi-marathon)
« Super week-end !!.. Pourtant entamé dans les bouchons le matin et dans les orages à l’arrivée … Mais le lendemain, jour de course, avec un ciel dégagé et le soleil retrouvé, on a découvert des parcours magnifiques mais relativement exigeants …. Comme quoi Cathare n’est pas forcément peinard ! En ce qui me concerne, j’avais opté pour le semi-marathon et je reprenais un peu dans l’inconnu après quelques semaines d’arrêt et surtout une mini-préparation… je suis donc parti prudemment en gérant essentiellement le cardio, ainsi à travers de splendides paysages j’ai pu réaliser un peu moins de 1 h 54 mn dans cette course de reprise …
Je suis triplement satisfait, agréablement surpris par le chrono, enchanté par les paysages, et bien sûr quelques heures plus tard comblé par la victoire de nos jaunards qui ne sont pas restés en rade … Quelle belle histoire ce week-end cathare ! Je remercie les personnes qui ont organisé cette sortie club et sincèrement bravo à celles et ceux qui ont participé et surtout terminé en portant bien haut les couleurs du BAC. »
Jean-Paul Estival raconte son marathon
« une semaine après la course
« Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon » — Emil Zatopek
J’ai couru le marathon de Carcassonne avec mon copain Bernard. Comme le dit le grand Zatopek, une épreuve unique, une expérience inoubliable. Ma préparation sur 9 semaines, préparée par Jean-Claude Graser, s’est bien passée, avec mes périodes d’euphorie et de doutes… La semaine précédant le début de mon marathon est nettement moins intense que les semaines précédentes — période de repos oblige.
Samedi 3 Juin
Nous partons une vingtaine du BAC en covoiturage; je n’ai pas trop de chance car je tombe dans une voiture avec deux filles qui n’arrêtent pas de discuter de choses sans importance ! Repas de midi sur l’aire de Millau dans le style de l’auberge espagnole, première entorse à la préparation, je bois un verre de rouge et ensuite un verre de rosé; c’est moche.
Visite guidée de la citadelle de Carcassonne par Jean-Claude, un féru d’histoire. Veillée d’armes dans la Cité, à l’auberge de jeunesse : préparer son lit, son équipement pour le lendemain, s’apprêter à se coucher tôt et… manger des lasagnes ! Mon dernier diner est roboratif à défaut d’être gastronomique. Mon plus grand regret, le paiement de la tournée en début de soirée, ça m’a déglingué.
Dimanche 4 Juin
Réveil à 6h00, après une bonne nuit de sommeil bercée par la musique des années 80 et les conversations nocturnes ultra-fortes des Toulonnais (bien fait, ils ont perdu contre Clermont), histoire d’avoir tout le temps pour me préparer, prendre mon petit déjeuner, et me rendre au départ. Direction la place devant la porte Narbonnaise, au pied des fortifications. Marathoniens et semi-marathoniens. Facile à reconnaitre : ils ont des chaussures de course, souvent un dossard sur le ventre; le regard au loin…
Il reste à… attendre. Attendre en buvant de l’eau bien sûr, car il faut s’hy-dra-ter ! Une chose me frappe quand je regarde les autres coureurs (de toute façon il n’y a que ça à regarder) : ils sont tous comme moi, à passer le temps. Beaucoup boivent (de l’eau !), prennent des selfies. Fred nous maquille aux couleurs de l’ASM. Un sentiment étrange dans le regard échangé avec Bernard : « Et nous, comment serons-nous dans 5 heures, après l’épreuve ? »
8h30
Il est temps de se mettre sous les ordres du starter C’était couru d’avance : à force de m’hy-dra-ter, j’ai la vessie pleine ! Comment courir 42 km avec l’envie de faire pipi ? Im-po-ssible ! Heureusement des urinoirs sont à proximité. De quoi se soulager. Ouf ! Ce sera toujours un kilo de moins à transporter… Les filles se débrouilleront ! Pas de gadgets électroniques pour moi, seulement des écouteurs pour écouter ma musique sur RFM pendant que je cours ; je n’ai que 3 heures d’autonomie, il faut que je me presse ! Je suis heureux d’être là, au milieu de ces coureurs partageant le même rêve idiot : courir 42,195 km !
1er kilomètre
On descend doucement sur la Ville Basse. C’est pour cela que j’y vais tout doucement ! Mon coach m’a briefé et re-briefé : ne pas s’emballer, même et surtout dans les premiers kilomètres. Et puis de toute façon, le sentiment en parcourant ce premier kilomètre est tellement délicieux que je n’ai qu’une envie : qu’il dure une éternité !
5ème kilomètre
Tout va idéalement bien. Nous sommes bien, Bernard court l’œil sur sa montre pour réguler son rythme au cordeau. Tout baigne. On fait connaissance d’un Toulousain (c’est mieux qu’un Toulonnais) qui a la même cadence que nous. Ne pas rater le 1er ravitaillement ! Pas grave me direz-vous : ce n’est pas après 5 km que j’ai soif ou besoin d’énergie… erreur ! Tout le monde vous le dira et surtout Jean-Claude : il faut s’hy-dra-ter et s’alimenter dès le premier ravitaillement.
10ème kilomètre
On est toujours super bien, pas loin des 10 km/h. Je cours pour la première fois avec une ceinture pour la gourde et les gels, que je ne consommerai pas. Le gel, c’est un petit tube contenant une substance au goût bizarre et franchement sucré qui est censé apporter ce qu’il faut d’énergie pendant la course. J’ai l’impression d’être un cow-boy avec sa cartouchière.
Alerte ! Un souci physique ! Une lumière s’allume dans le tableau de bord cérébral, l’angoisse m’étreint : déjà !? Je regarde de près l’alarme : c’est le voyant d’envie de faire pipi ! Est-ce un faux contact, ou une nouvelle alerte, après celle du départ ? Hélas, c’est bien réel : les litres d’eau que j’ai bu avant la course continuent à circuler dans mes reins, et à atterrir dans ma vessie. Problème : mes compagnons n’ont pas envie, je vais attendre (ils auront envie au 30ème km !) pour ne pas perdre de terrain.
20ème kilomètre
Nous passons le panneau des 20 km la fleur au fusil : tout va très bien, j’ai l’impression d’avancer avec le pied sur le frein, mais prudence, le parcours est vallonné et le vent se fait sentir par moment.
25ème kilomètre
Enfin de l’inconnu pour Bernard ! C’est son premier marathon. Tout commence ici. Et les paysages sont magnifiques avec la citadelle en arrière-plan.
30ème kilomètre
Le voilà le fameux 30ème km, synonyme du « mur du marathonien ». Pensez-y : nos ressources en glycogène s’effondrent là, péniblement remplacées en ressources hépatiques. Ouf, on fait pipi tous alignés. Quel soulagement, j’avais les yeux tout jaunes !
Dans la réalité, ce n’est pas aussi clair, ni aussi abrupt. Un petit check-up mental m’assure que finalement, ça ne va pas si mal. Je continue à m’alimenter régulièrement aux ravitaillements (et à m’hy-dra-ter), à coup de bananes, oranges, abricots secs, et de ce point de vue là, j’ai l’impression de ne pas ressentir d’épuisement énergétique. Ce n’est pas le moment de flancher, allez Bernard, on y va. On laisse partir notre copain Toulousain.
35ème kilomètre
Les choses se gâtent très sérieusement ici. Croire qu’il y a un « mur des 30 km » au marathon est une illusion : ils l’ont construit 5 km plus loin, mais il est effectivement bien là, avec ses miradors et ses barbelés ! Je repense aux visages des coureurs avant la course, lorsque nous nous disions tous : tout le monde n’y arrivera pas, mais j’espère que nous y arriverons tous les deux.
40ème kilomètre (rugissant…)
Quand vous franchissez la flamme du 40ème km, vous ne vous dites pas que c’est bientôt la fin. En fait, vous avez le sentiment très précis qu’il vous faudra autant d’énergie pour franchir les deux derniers kilomètres que celle qu’il vous a fallu pour en franchir les 40 premiers.
Et c’est là que la tête commence à ne plus bien fonctionner (à supposer qu’elle marchait encore depuis quelques km, ce qui reste à prouver). Je n’ai plus en tête qu’une question obsédante — et pas si absurde — : pourquoi la traversée de la plaine de Marathon faisait-elle 42 km et des brouettes ? Pourquoi pas 41 km, voire 40 tout rond !? Personne, personne, n’y aurait trouvé la moindre chose à redire. Ça permettrait de faire un mesurage plus simple (le semi-marathon serait aux 20 km pile), et surtout, surtout… j’en aurais fini putain de merde !
41ème kilomètre
Tout le monde met sa fierté dans des défis absurdes. La nôtre est de ne pas s’arrêter de courir avant la ligne d’arrivée. Quoi qu’il arrive, ne pas marcher, ne pas s’arrêter, quel courage Bernard. Et j’en vois des coureurs marchant, voire arrêtés. Aucun sentiment de supériorité de ma part : chacun aura fait son maximum, et si ce maximum veut dire franchir la ligne d’arrivée en marchant, en rampant, ou pas du tout, c’est à chaque fois en allant au bout de soi-même.
42ème kilomètre
Mais je me souviens également du moment où j’ai franchi la ligne d’arrivée et que je me suis dit… eh non, dans ces cas-là, on ne se dit pas « je l’ai fait », « j’y suis arrivé », on ne sent pas une félicité suprême nous envahir. Non, tout cela viendra après. Le seul sentiment, la seule pensée est : « à partir de là, je peux m’arrêter de courir ! » Et croyez-moi, c’est tout ce dont on a besoin à ce moment-là…
Merci aux amis du club qui nous ont encouragés dans les derniers mètres, j’étais fier de nous. C’est que la récompense est là quelques mètres devant nous : la fameuse médaille du marathon.
Après la course
On aurait pu faire mieux, la prochaine fois peut-être… Merci à toutes et à tous pour votre bonne humeur, votre gentillesse et votre convivialité, à l’image du BAC. Un merci plus appuyé pour Olivier, le gentil organisateur. »
Bernard Chabrillat raconte : « Les tribulations de Bernard en pays Cathare »
» La préparation
Ce projet a démarré sur un coup de tête, un jour d’hiver à l’entraînement Jean-Paul me balance «j’ai envie de faire un marathon, qui est intéressé ?», là je me dis pourquoi pas moi, j’ai vu des collègues de club tenter l’expérience et bien réussir, l’année 2016 a été plutôt encourageante et puis à bientôt 59 ans c’est peut-être le moment ou jamais ? Donc nous nous inscrivons Jean-Paul et moi à la sortie organisée par le club, mais le mois de juin est encore loin et beaucoup de choses peuvent arriver d’ici là et surtout ce sera mon tout premier marathon et deux grandes inconnues me turlupinent : la distance et la durée ?
L’hiver se passe, entraînements à la fraîche en petit groupe autour des Cézeaux et trail des Coutelliers en février, petite forme. Puis les reconnaissances dominicales du grand parcours du Chemin vert, là le dimanche 26 février j’ai voulu faire le « fada », j’ai tout donné dans la descente des gorges de Ceyrat et j’ai terminé la séance avec une douleur dans le genou droit, pas grave ça va passer.
Sauf que ça ne passe pas vraiment, je continue les séances avec le groupe 2 et je vise un temps de référence le 12 mars aux 10 km de Vichy. Déception ce jour-là, je n’ai pas vraiment la forme et je ne suis pas dans le rythme, cerise sur le gâteau à l’arrivée je suis quasiment sur une jambe et j’ai mal au dos, « merde » et la préparation du marathon qui va bientôt commencer… Visite chez l’ostéo, je suis effectivement en vrac, la jambe et le dos, bon il va certainement faire des miracles et tout va repartir sans soucis. Un peu de repos et des séances allégées ça va aller.
Mais non, les douleurs traînent, deuxième séance d’ostéo et toujours pas d’amélioration. Je vais voir le médecin, il me prescrit des radios du dos, en fait rien de bien méchant, peut-être que le podologue peut arranger çà. Donc ma première visite chez un podologue, rien de spécial, même pas besoin de semelles, tout marche c’est rassurant, il ne reste plus qu’à s’entraîner sérieusement.
Début avril après 4 semaines bancales je reprends les séances avec le groupe, les premiers footings se passent bien et les douleurs disparaissent comme par miracle, enfin, maintenant il me reste 8 semaines avant Carcassonne, il va falloir se bouger…
Donc avec un programme d’entraînement concocté par coach Jean-Claude je me mets au boulot et je bouffe des tours de Cézeaux jusqu’à l’indigestion. Avec même une petite séance de 3 heures à la mi-mai à tourner en rond pendant 9 tours, juste pour voir si je tiens la distance et être sûr que je peux aller au bout des 42 km, la séance se passe bien mais 28 km ne font pas un marathon, il reste encore 14 km et environ 1h30 de course à tenir, c’est pas gagné.
La préparation se termine sans pépins physiques et les séances longues sont faites à l’allure marathon prévue de 9,5 km h environ, je croise les doigts. La dernière semaine est cool avec des sorties légères, du repos et un peu de stress qui pointe son nez.
La course
Samedi matin 3 juin, lever et préparatifs pour partir en week-end de promenade à Carcassonne, je n’ai pas très envie d’y aller, je pourrais rester chez moi peinard au lieu d’aller tenter un marathon, je vais peut-être revenir complètement cassé, mais je ne peux plus reculer, on verra bien.
Rendez-vous à Pérignat avec les joyeux participants du BAC, tous en voiture et c’est parti avec Robert au volant, orage sur la route, pause pique-nique au viaduc de Millau, ambiance d’avant-course détendue mais concentrée, je mange ma salade de pâtes pour faire des réserves, la crainte de la panne d’essence au marathon, un doigt de vin quand même pour la convivialité.
Arrivée à Carcassonne dans l’après-midi, temps couvert après une bonne rincée sur l’autoroute, Robert a été parfait dans le rôle du chauffeur. On se pose à l’auberge de jeunesse et ballade autour des remparts, puis retrouvailles du BAC au café avec une bonne bière pour décompresser. Repas du soir sympa à l’auberge, lasagnes au menu parfait encore des pâtes, et ballade nocturne en groupe dans la ville basse pour faire tourner les jambes avant demain. Nous rentrons à la chambrée vers 22h30, mon accompagnateur Jean-Paul a pris de l’avance il dort déjà, je suis surpris, nous nous mettons au lit discrètement.
Nuit pas très reposante, 3 ou 4 heures de sommeil léger, chaleur dans la chambre et gentils fumeurs qui racontent leur vie sous la fenêtre à 3 heures du matin, j’attends 5h30 pour sortir du lit enfin. Déguisement du coureur de fond et petit déjeuner très copieux, toujours la peur de la panne, et l’heure fatidique approche à grands pas. Nous voilà devant les remparts de la porte Narbonnaise, peu de monde, je suis là à tourner en rond pour passer le temps, pause pipi et maquillage jaune et bleu pour cause de finale de l’ASM. L’ambiance est détendue, un petit tour de chauffe avec mon compagnon de galère Jean-Paul pour vérifier que tout fonctionne normalement, ça baigne…
8h30, départ en fond de peloton, tranquille, les copains et copines du BAC m’encouragent, ça fait plaisir, descente au petit trot, il fait un temps parfait pour une sortie longue du dimanche matin et le cadre promet d’être agréable. Bon je suis parti pour 4h30 si tout va bien, il va falloir gérer la course.
On traverse la ville, un jeune gars de Toulouse vient nous faire la causette, enfin surtout avec Jean-Paul parce que moi j’ai un marathon à faire, donc je reste concentré sur les fondamentaux, cardio, respiration et vitesse… La course se déroule bien, les ravitaillements s’échelonnent tous les 5 kilomètres avec un arrêt à chacun pour boire un peu et grignoter aussi, attention à la panne…
La mi-parcours arrive, je suis dans le rythme et tout se passe bien, Jean-Paul écoute notre compagnon qui raconte son voyage de noces aux USA dans les détails, ça passe le temps, il fait un peu chaud et il y a un léger souffle de vent pour le confort, le circuit est vallonné fait de petites routes dans les vignes et de traversées de villages sympas avec des paysages de campagne pour un marathon nature, ça roule.
La difficulté du parcours, une bonne montée après le 25ème km et le ravito, je la passe doucement, je gère au mieux. Après le ravitaillement du 30eme, je commence à sentir la fatigue, le rythme baisse doucement, on quitte le goudron pour prendre un chemin sur le bord du canal, je ralentis progressivement pourtant le chemin est plat, le coup de mou, la panne, déjà, ça va être dur pour finir ?
La galère commence, je me demande si le chemin est vraiment plat ou un faux plat montant, portant on longe le canal, et puis un petit vent de face en plus. Je vois à ma montre la vitesse qui baisse, j’irais presque aussi vite en marchant, je souffre, Jean-Paul fait l’élastique, il est 5 mètres devant, il revient, il m’encourage, il me tire. Je rame, les jambes ne veulent plus avancer, les plaisanciers sur les bateaux nous font des grands gestes mais je n’ai pas la force d’être poli avec tout le monde. Ravitaillement du 35eme, je bois, je mange, je souffle, j’espère que ça va aller mieux bientôt, mais je continue à me traîner lamentablement.
En plus d’avancer il faut faire attention aux vélos qui passent sur le chemin, je ne vais quand même pas m’arrêter ou me mettre sur le bas-côté pour les laisser passer ces c… de touristes. Je pioche, des concurrents me doublent, je m’accroche, qu’est que je suis venu faire dans cette galère ?
Le chrono tourne et les kilomètres défilent au ralenti, ravitaillement du 40eme, la fin est proche, je serre les dents pour le final. On retrouve la route, où est ce p….. de stade, on y est presque Jean-Paul est toujours là à m’encourager, les jambes vont un peu mieux, le rythme s’améliore légèrement mais je fais attention à ne pas me mettre dans le rouge.
Je passe un portail et les copains du BAC sont là avec leurs encouragements, cette fois c’est le bout du calvaire je vais y arriver, Jean-Paul s’écarte et je donne tout pour les 50 derniers mètres en sprint, faut bien finir en beauté, sauf que j’ai bien failli rater l’arrivée en faisant les bordures, enfin le tapis, la délivrance et un peu d’émotion aussi.
Ça y est je l’ai fait, un coup d’œil au chrono, 4 h 53 mn, pas terrible j’ai perdu au moins un quart d’heure dans les 10 derniers km. Je suis en nage et j’ai les jambes en compote, je vais me ravitailler en marchant comme un canard, ouf, ça fait du bien quand ça s’arrête, content de l’avoir terminé mais pas complètement satisfait, j’ai beaucoup ramé et c’est sûr je ferai mieux la prochaine fois.
Après un peu de repos et une bonne douche, il est temps de reprendre la route pour le retour sur Clermont avec toujours Robert dans le rôle du chauffeur qui assure. Trajet tranquille, fatigué mais pas défait, je suis plutôt surpris de tenir tout le retour à discuter avec Robert et Thierry, j’ai un doute je ne n’ai pas tout donné ? Arrivée pile poil à l’heure pour une soirée apéro et match de rugby à la télé, l’ASM gagne sa finale en souffrant mais l’important c’est de le faire. Superbe week-end et sortie club très agréable, à refaire très vite…
Vive le BAC Bernard »
site internet, résultats complets : http://www.marathoncarcassonne.com/index.php
photos : Ghislaine Labat, Olivier Siméon, organisation (Nathalie Amens, Minah V.)