50 miles, ça fait 81 km, avec 3000 m de dénivelé positif, soit la plus longue course à pied existante dans le Puy-de-Dôme (et la seconde en Auvergne, derrière les 105 km de l’UTPMA dans le Cantal). Avec justement l’ascension de notre célèbre volcan à la grande antenne. D’ailleurs plusieurs concurrents venant de loin (de 91 départements français) m’ont dit non pas « je suis venu courir le Vulcain » mais « je suis venu faire le Puy-de-Dôme ». L’aller-retour au sommet par le chemin des Muletiers, un sacré symbole, temps fort du parcours, avec une splendeur givrée de neige et de glace sous un soleil artistiquement voilé par la brume matinale.
3h30, dimanche 2 mars. Dring ! Faut se lever, se mettre en tenue, avaler un bon petit déjeuner, conduire la petite ½ heure nécessaire pour se rendre devant le complexe sportif de Volvic. J’entends déjà les commentaires de Franck Marret dans sa sono, Heureusement que les premières maisons sont loin ! 5h00, c’est le départ pour un peu moins de 400 pèlerins (362 seront classés). – 1° C
On commence par traverser le bourg de Volvic direction le goulet, en tangentant le parcours du cross, puis la partie forestière commence après la gare de Volvic. Les premières traces de neige apparaissent à mesure que l’altitude augmente, et progressivement le chemin devient tout blanc. Jean-Luc Quesne est signaleur dans ce secteur, il m’aperçoit et m’encourage.
Vers 6h00, le haut de ma tête heurte une branche basse, et ma lampe frontale tombe par terre. 2 ou 3 coureurs s’arrêtent spontanément pour m’éclairer pendant que je la ramasse et tente de la rallumer. J’apprécie cette solidarité : l’entraide prime sur le chrono. Il y a un faux contact depuis le choc, je ne peux plus m’en servir. Heureusement j’avais prévu une frontale de secours dans le sac, elle est moins puissante mais sur la neige on peut se débrouiller avec une faible lueur. Et dès 6h30 il y a suffisamment de lumière naturelle pour pouvoir se passer de loupiote.
Le soleil naissant regarde une longue colonne grimper tout schuss sur le puy de Louchadière, un vrai « mur », assurément le passage le plus pentu de la journée. C’est ici que les 1 % de concurrents qui n’ont pas pris de bâtons regrettent leur choix ! Au sommet vers 7h00, j’aperçois le prochain objectif : le Puy-de-Dôme. La descente est raide et rendue périlleuse par le verglas sur les cailloux qui roulent. Suivent 5 km de plats et faux-plats jusqu’au volcan de Lemptégy (site d’une ancienne carrière de pouzzolane, aménagé et ouvert au public). Comme en 2013, nous devons faire le tour du cratère par l’intérieur, avant d’arriver au ravitaillement, dans un baraquement (km 19,5). A l’abri pour déguster une soupe chaude, ça fait du bien !
Je ressors juste avant 8h00, direction le rond-point qui donne accès à l’entrée de Vulcania. Mais nous devons continuer tout droit, en montant un petit peu sur le flanc occidental du puy de Côme. Maintenant l’altitude est poche de 1000 et le thermomètre a chuté de plusieurs degrés. Ça « meule » et je sens le froid sous mes gants, un peu limite dans ces conditions. Un peu plus loin, je dépanne un coureur qui a sa pipette gelée, il a oublié de mettre la gaine en néoprène autour de son tuyau.
Bientôt 30 bornes au compteur, et j’aperçois… le patrouilleur André Rodier qui me pousse (verbalement) dans le raidillon qui mène au col de Ceyssat, où nous attend le ravito, en plein air mais au soleil. Ensuite c’est le chemin des Muletiers, pas trop dur mais tout le monde monte en marchant (l’arrivée est encore loin). Je salue quelques coureurs amis qui redescendent par le même chemin. L’ancien accès au sommet, par le chemin du Petit Puy-de-Dôme et ses escaliers en bois, est désormais interdit. Pas grave, je n’ai jamais apprécié autant les Muletiers, puis le sommet, que ce matin, dans cette atmosphère « grand nord » magique (les photos en attestent).
Arrivé sur l’esplanade du restaurant, je dois encore monter des marches, le parcours me fait tourner à gauche au niveau du temple de Mercure, sans faire le tour de l’antenne. On doit pointer là, et commencer la descente. Pendant celle-ci, je croise encore une trentaine de concurrents qui n’ont pas fini leur montée. Certains d’entre eux seront arrêtés plus tard au retour à Lemptégy, car arrivés après la 1ère barrière horaire. A mi-descente, je revois André, en secouriste fort affairé à installer une couverture de survie sur un coureur allongé sur un rocher plat. J’ai su à l’arrivée qu’il s’agissait d’une luxation de l’épaule, ayant nécessité l’évacuation du blessé en hélicoptère.
Revenu au col de Ceyssat (km 35), je profite à nouveau du ravitaillement, sous les flonflons de la banda locale. La suite, de l’autre côté de la route, est une grande descente en sous-bois, qui mène au péage de la route du Puy-de-Dôme. Peu après, il faut obliquer à gauche, plein ouest, pour monter (longuement, parce que j’ai déjà moins de « jus ») sur le Petit Puy-de-Dôme. En haut, une sorte de col que j’atteins à midi, je m’y arrête pour enlever le coupe-vent: c’est grand soleil et la température a repris une dizaine de degrés. J’en profite pour faire 2 ou 3 photos, c’est trop beau ce coin…
De nouveau une grande descente, où je m’aperçois que je ne peux plus garder le même rythme que dans la précédente, les jambes deviennent lourdes et il faut commencer à « gérer » pour espérer rallier l’arrivée. Le retour s’effectue en contournant cette fois le Puy de Côme par son versant Est, avant de retraverser le rond-point « Vulcania » et regagner Lemptégy et son ravito (km 49). J’en repars vers 13h00, soit ¾ h avant la barrière horaire.
Les 15 km suivants sont les plus corsés de la seconde partie de course, puisque 3 montées de volcans sont au programme, D’abord le puy Chopine avec une ascension-descente gadouilleuse à cause du redoux, ensuite la Coquille, au sommet duquel je retrouve Gérard Dief, en poste là exactement comme l’année dernière. 2 mn d’arrêt pour avaler un gel et discuter un peu, avant de se lancer dans la descente, glissante et piégeuse sur un chemin encore gelé.
Au croisement de la route de la Nugère, c’est… Philippe Raymond qui me fait traverser, en m’encourageant, car il reste une montée, moins longue mais pas anodine, pour gagner le dernier ravito (km 64). J’y retrouve Jean-Luc qui patrouille dans le secteur, vers 16h30. Je sens que je me rapproche de Volvic, ça va mieux et j’ai retrouvé un peu de vitesse. Mais j’arrive tard à la bifurcation juste avant le château de Tournoel (km 69), et je suis dévié sur le parcours de repli, totalisant 72 km mais permettant d’être classé quand même (à la suite de tous ceux qui ont accompli leur 81 km). C’était ce que j’avais prévu avant le départ, de plus je n’étais pas prêt mentalement pour 81 km.
Qu’importe ce petit raccourci, c’était une très belle journée. Je suis très reconnaissant à l’ACFA d’avoir organisé de manière parfaite ce gros rendez-vous de l’année. Malgré les 2000 « clients » sur le week-end, l’amicale a su préserver la qualité de son organisation et la convivialité de son épreuve, qui garantit au Vulcain un succès toujours croissant, et une renommée désormais internationale.
Je remercie également le photographe Timothée Nalet que j’ai contacté et qui m’a autorisé à illustrer l’article avec quelques unes de ses photos, dont la série entière est visible ici :
Je vous recommande également la visite de son blog « Peignée Verticale », avec notamment son reportage sur le Vulcain :
http://www.peignee-verticale.com/2014/03/trail-vulcain-2014-photos.html