J’ai participé à la 122ème édition du plus ancien des marathons de l’ère moderne, celui de Boston… Une course en ligne, 30 000 concurrents admis, avec un temps minimum qualificatif à réaliser auparavant. Quel marathon de folie !
Arrivée à Boston quelques jours avant la course pour m’acclimater, je redoutais un peu la météo annoncée pour la course… La veille du départ, le vent était très violent et la pluie vraiment battante. Je me suis préparée psychologiquement et physiquement à parcourir les 42,195 km dans des conditions difficiles. Bref, un sacré challenge en perspective.
Le jour J, sur la ligne de départ toujours sous une pluie diluvienne, après avoir quitté ma tenue de combat très stylée, j’ai réalisé la chance que j’avais de courir sur l’un des marathons les plus mythiques …Et au coup de pistolet, la machine s’est mise en route, en dépit d’une température proche de 0° C : alliance entre la tête et les jambes, positive attitude, confiance en soi… Et c’est parti !!!
Happée par l’épreuve qui débutait par une belle descente, je suis tombée au 5ème kilomètre. Les genoux ensanglantés, je me suis relevée en colère, enragée et déterminée plus que jamais. Au loin, on entendait déjà des sirènes d’ambulances venant au secours de concurrents rapidement mal en point. J’ai couru, couru, en essayant de garder l’allure, les genoux endoloris, les muscles tétanisés, guettée par l’hypothermie sous les giboulées … et puis j’étais transportée par la foule, encouragée dans la côte du « Crève-cœur » où le vent me défiait sans cesse. Mes enfants et proches étaient présents avec moi à chaque seconde.
Puis je suis entrée dans la ville de Boston, j’ai maintenu l’effort jusqu’aux dernières foulées, jusqu’à la ligne d’arrivée. J’ai terminé en 3 h 42 mn dans ce déluge. Les bénévoles m’ont mis autour du cou la médaille de finisseur ornée d’une splendide licorne, le prestigieux emblème du marathon de Boston.
J’ai été ensuite emmenée sous une grande tente, où j’ai retrouvé des centaines de coureurs, déshabillée complètement, emmaillotée nue dans une couverture de survie. Ressortie de là quinze minutes plus tard, ressemblant à une papillote, frissonnant de tout mon corps, j’ai eu encore un kilomètre à parcourir sous les bourrasques pour rejoindre mon fiston, et retrouver mon linge de rechange propre et sec. Ce fut le kilomètre le plus difficile de cette journée vécue dans des conditions dantesques ! Ah quel souvenir mémorable !
Mes deux marathons courus à ce jour l’auront été dans les conditions extrêmes : chaleur étouffante à Mumbai en Inde, et froid hivernal à Boston sur la côte est des Etats-Unis. Que me réservera le prochain ?
résultats complets : http://www.baa.org/races/boston-marathon/results-commentary/2018-boston-marathon.aspx
mon classement : 11 356ème, soit 3 572ème /13 375 féminines; 260ème / 1951 en catégorie + 45 ans, 1ère française dans cette catégorie
texte : Linda Pinon-Belghazi
photos : Linda Pinon et Yonice Moissonnier, site baa.org