Chamonix vendredi 26 à 16h45 je dépose mon sac coureur, toujours autant de monde et d’émotions dans les rues pour le départ de l’UTMB sous un soleil de plomb.
J’arrive vers 17h sur la ligne de départ et la pression monte, moi qui d’habitude suis décontracté.
Je pense à ce qui m’attend car je connais le parcours sur le bout de mes doigts et ayant vu deux jours plus tôt les coureurs de la TDS souffrir sous la chaleur je suis conscient de ce que je vais vivre. Le temps s’écoule trop lentement j’ai envie de courir pour me libérer de cette pression, derrière moi un contrôle de sac, tout a l’air OK.
C’est l’heure du briefing, l’ambiance est pesante, je regarde autour de moi, que des visages tendus. Des drapeaux flottent aux balcons et j’aperçois du service d’ordre armé sur des terrasses.
Une minute d’applaudissements est demandée pour affirmer notre liberté et à la mémoire de tous les morts suite aux attentats et au tremblement de terre en Italie (Voir la vidéo UTMB 2016 Départ en Français sur Youtube.com).
18H03 à ma Suunto le départ est donné, il me faut attendre plusieurs minutes avant de faire mes premiers pas dans l’aventure. Une foule immense nous applaudit tout le long du parcours.
Une fois sorti de Chamonix, j’essaie de courir et de remonter, vu que je suis parti de très loin.
Arrivé aux Houches j’ai pris mon régime de croisière que je conserverais jusqu’aux Contamines, je suis bien.
Rémi est là avec sa cloche un peu avant le ravito est averti JJ de mon arrivée éminente dans le stand, Anne Marie et Vanessa une à l’entrée l’autre à la sortie pour m’encourager.
22H18 je repars, quelques détours dans les Contamines pour passer vers les campings ou on pouvez ressentir la bonne odeur des barbecues, la montée du col du Bonhomme est magnifique avec toutes ces lampes allumées, une seule ombre au tableau, je vois beaucoup de coureurs vomir.
Dans la descente sur les Chapieux je commence à ressentir quelques maux de ventre (obligé de faire une pause technique et je ne suis pas le seul). Je n’arrive plus rien à avaler je bois beaucoup pour compenser.
Après un contrôle du sac je repars à 2H30 avec un coureur du Nord et nous faisons causette jusqu’au début de la montée du col de Seigne où on se souhaite bonne course et chacun monte à sa cadence.
J’arrive au ravito du lac Combal au lever du jour mais toujours avec des problèmes gastriques qui me suivront pendant toute l’épreuve.
Je repars de Courmayeur en sachant que le plus dur arrive ce qui va vite se révéler, la montée sur Bertonne se passe assez bien, petit rythme mais régulier, c’est après que rien ne va plus, je ne suis pas bien physiquement et moralement (j’en ai marre de l’UTMB, qu’est ce que je fais là le paysage je le connais, où est l’intérêt de se faire aussi mal) voilà ce qui se passe dans ma tête.
J’arrive plus à courir sur du plat ou d’habitude je prends du plaisir dans les recos. J’échafaude tous les plans possibles pour arrêter mais je sais que Rémi et Jean Jacques m’attendent au col du Grand Ferret.
Arrivé à Arnouvaz j’essaie de manger et bien de me rafraîchir.
14H38 je repars en me disant « au col j’arrête », la montée est pénible il fait très chaud, j’essaie de me rafraîchir au moindre cours d’eau et de refaire le plein des gourdes, peu importe si l’eau est potable, je ne suis pas le seul a être en difficulté.
Je suis obligé de faire plusieurs haltes ce qui n’est pas dans mes habitudes, seul point positif j’ai élucidé les hallucinations de JJ. « Les poissons je les ai vus ils sont réels sur la piste », ce sont des empreintes de baskets, je ne vous dirai pas la marque !!!
Un peu avant le col mes 2 compères sont là avec les baskets après une belle montée depuis la Fouly et m’encouragent, (tu es bien, trop fort…mais au fond d’eux- même ils ont eu peur que j’abandonne et ils avaient raison). Je leur dit ce que je pense très fort « j’en ai marre de l’UTMB et que de toute façon je vais me faire stopper avec les barrières horaires ».
Le moral un peu remonté je repars et je m’aperçois que j’ai encore du jus, la descente sur la Peule se passe bien, aidée de JJ et de Rémi, qui s’arrêtent là.
J’arrive à la Fouly où m’attendent mes quatre compères, je les sens soulagés de me voir un peu mieux.
La montée sur Champeix se passe bien, je fais un bout de chemin avec un coureur Portugais qui a fait le MIUT comme moi, j’accélère la cadence car l’orage arrive et il commence à pleuvoir.
Après m’être ravitaillé et dormi une demi heure, je repars à 21H11 sous l’orage mais je me sens bien, tout va pour le mieux, Bovine sous les éclairs c’est assez magique la descente sur Trient est glissante, je ralentis un peu l’allure dans la dernière portion, JJ me dis que l’arrivée au ravito est un peu modifiée, pas géniale à mon goût.
1H58 je repars en me disant c’est la dernière grande montée ce qui n’est pas tout a fait la réalité, mais faut bien se motiver comme on peut.
J’arrive à Vallorcine à 5H17, plus tôt que prévu, Anne Marie et Rémi ne sont pas là et JJ et Vanessa viennent juste d’arriver, je ne m’attarde pas au ravito, pour monter la Tête au Vent avant les grandes chaleurs.
Jusqu’au col des Montets tout va bien, ensuite le manque de sommeil se fait sentir , je me surprends à me demander qu’est ce que je fais là dans les cailloux. « C’est grave mon petit gars tu es sur l’UTMB », le cerveau décroche de temps en temps mais les jambes sont là, je double des coureurs qui n’ont plus de jus.
Arrivé à la Flégère à 8H56 je prend un petit café et je fais un petit interview sur le déroulement de ma nuit et je repars en me disant la fin est proche.
Ces derniers 8 km sont les seuls où j’ai vraiment pris du plaisir à courir 1H pour descendre.
Je me rapproche de Chamonix et j’entends la foule applaudir les finishers . Ils sont là JJ et Remi qui m’accompagnent jusqu’à l’arche d’arrivée ainsi que Anne Marie et Vanessa mes fidèles supportrices avec les appareils photos.
Il est 10H 01 je suis finisher après 40:00:08H à tourner autour d’une montagne qu’on appelle le « Mont Blanc ».
De plus j’apprends que je suis sur le podium : 3éme Master 3
Une fois de plus merci à tous de vos messages et suivi sur les réseaux sociaux et autres, et plus particulièrement à ma compagne Anne Marie qui me supporte, à Rémi et Jean Jacques mes compagnons d’entrainements et qui sans eux je ne serai pas allez au bout de l’aventure et à Vanessa toujours présente pour les grands moments.
Dédé Rodier
Bravo Dédé pour ton exploit !!!
Et bravo aussi pour ton récit de course, on se rend bien compte de la difficulté de l’épreuve, ça rappelle les hallucinations 🙂 et les « défaillances » de JJ, et pourtant vous êtes plutôt des solides tous les 2 😉
chapeau champion tu t’es poussé à tes limites. Bravo aussi à ton assistance, qui n’a pas plus dormi que toi pendant l’épreuve. C’est beau la réussite par l’esprit d’équipe.
Merci de nous faire partager ces moments qui seront inscrit dans ta mémoire pour toujours. Je suis vraiment admiratif du mental dont tu as fais preuve tout au long de la course.
Bravo
Super récit qui donne à la fois envie et la frousse ! Bravo à toi et à tes accompagnateurs et trices. On sent à travers ton récit qu’avec eux ta motivation et tes forces ont été multipliées. Et on ressent aussi tous les liens qui vous unissent.
Supers récit , cela donne en effet la frousse. Sacré mental !! sacré bonhomme !!! Bravo Dédé.
Bel exploit, beau récit qui fait vibrer. Félicitations; Patricia Damiens
Belle prouesse André. Félicitations.
Pour moi, t’es plus qu’un champion, tu es déjà un mythe, une légende du BAC!!
Mais ça me fait rire ces 2 bidons à tube avec valve qui ressemblent à des lolos 😉
Sans rire, je suis impatient de suivre ton prochain.
Reprend toutes tes forces.
Amicalement
Vraiment bravo ! Je ne sais pas comment tu arrives à faire des trucs pareils.
Ton récit est génial. Ça donne envie et en même temps on se dit que c’est vraiment trop dur.
Tu te rends compte, 40h de course. C’est un truc de malade.
Encore un grand bravo pour avoir réalisé cette épreuve mythique.
Bravo André !
Encore bravo André, tu as été énorme et ton récit est vraiment super 🙂 Vraiment ravi d’avoir pu partager ces moments avec toi. En attendant la prochaine…
sobre et efficace, dans l’écriture avec ta plume et en course avec tes jambes.
Félicitations
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